Nikkor 105 mm f/2.5 : un objectif culte

Je viens (enfin) de récupérer un Nikkor 105 mm f/2.5 en très bon état qui va compléter parfaitement mon Nikon F2.

Le Nikkor 105 mm f/2.5 est un objectif emblématique de Nikon, voire culte, reconnu pour sa qualité optique exceptionnelle et sa polyvalence. Produit de 1959 à 2005, il a connu plusieurs versions au fil des décennies tout en conservant ses caractéristiques essentielles. Le mien a été produit de 1973 à 1977.

L’objectif est entièrement métallique, ce qui lui confère une durabilité exceptionnelle. J’adore sa large bague de mise au point bien fluide, permettant un contrôle précis du focus, tellement important en portrait. Son poids modéré en fait un compagnon de choix pour la photographie quotidienne.

Le 105 mm f/2.5 est réputé pour sa netteté remarquable, même à pleine ouverture. Il produit un bokeh doux et agréable, idéal pour les portraits, grâce à un diaphragme à 7 lames.

La formule optique

La formule optique simple (5 lentilles en 4 groupes) mais efficace contribue à une reproduction fidèle des couleurs et un excellent contraste. Cette configuration est souvent appelée un design “Sonnar”, inspiré des objectifs Zeiss. Le premier groupe comprend une lentille convexe unique, suivie d’un doublet au centre de l’objectif. Ce doublet, composé de deux lentilles collées, joue un rôle crucial dans la correction des aberrations chromatiques. Les troisième et quatrième groupes sont constitués chacun d’une lentille simple, la dernière étant positionnée près du plan focal.

Cette configuration optique présente plusieurs avantages significatifs. Tout d’abord, elle permet de minimiser efficacement les aberrations chromatiques, réduisant ainsi les franges colorées indésirables sur les bords contrastés de l’image. De plus, la simplicité relative de ce design limite les réflexions internes, contribuant à un excellent contraste global. Enfin, cette formule aide à corriger les aberrations sphériques, ce qui explique en partie la netteté exceptionnelle de cet objectif, même lorsqu’il est utilisé à pleine ouverture.

Au fil des années, les matériaux utilisés pour les lentilles ont évolué. Les versions plus anciennes employaient probablement du verre crown et flint standard, tandis que les itérations plus récentes ont pu bénéficier de verres à dispersion anormale, améliorant encore la correction chromatique. Les revêtements des lentilles ont également connu des progrès significatifs, passant de simples traitements anti-reflets à des revêtements multicouches sophistiqués, développés par Nikon pour optimiser la transmission lumineuse et réduire davantage les reflets parasites.

Le fameux diaphragme

Le diaphragme à 7 lames du Nikkor 105 mm f/2.5 est un autre élément clé de sa performance optique. Composé de sept lames métalliques incurvées, ce diaphragme offre un excellent compromis entre la circularité de l’ouverture et la complexité mécanique. À pleine ouverture, l’ouverture est parfaitement circulaire, ce qui contribue grandement à la qualité du bokeh, créant un flou d’arrière-plan doux et esthétique, particulièrement apprécié en photographie de portrait.

Lorsque l’ouverture est légèrement fermée, d’un à deux diaphragmes, elle conserve une forme quasi-circulaire, préservant ainsi les qualités esthétiques du bokeh. Ce n’est qu’aux ouvertures les plus petites que la forme heptagonale du diaphragme devient perceptible. Cette caractéristique influence également le rendu des sources lumineuses ponctuelles hors focus, qui apparaissent comme des disques doux plutôt que des formes géométriques marquées.

À très petite ouverture, généralement entre f/11 et f/16, les sources lumineuses ponctuelles prennent la forme d’étoiles à 14 branches, un effet recherché par certains photographes pour des compositions créatives. Cette particularité est directement liée au nombre de lames du diaphragme, chaque lame générant deux branches de l’étoile. J’ai hâte d’essayer cette particularité en photographie de rue de nuit ou en portrait avec un éclairage arrière adéquat.

Le choix d’un diaphragme à 7 lames représentait un équilibre judicieux. Un nombre supérieur de lames aurait certes produit une ouverture encore plus circulaire, mais au prix d’une augmentation de la complexité mécanique et du coût de fabrication. À l’inverse, un diaphragme avec moins de lames aurait simplifié la construction, mais au détriment de la qualité du bokeh, qui aurait pu apparaître plus “nerveux” ou moins harmonieux.

Pour quel usage ?

Initialement conçu comme un objectif polyvalent, il s’est rapidement imposé comme un excellent choix pour le portrait. Sa focale modérée de 105 mm offre une compression flatteuse des traits du visage sans trop isoler le sujet de son environnement. Il est également apprécié en photographie de rue et de paysage.

Cette synergie entre une formule optique éprouvée et un diaphragme soigneusement conçu est au cœur de la réputation du Nikkor 105 mm f/2.5. Elle explique en grande partie pourquoi cet objectif continue de séduire les photographes, tant pour sa qualité d’image exceptionnelle que pour son rendu esthétique unique.

Le Nikkor 105 mm f/2.5 a acquis une renommée mondiale grâce à son utilisation par de nombreux photographes célèbres, dont Steve McCurry pour son célèbre portrait de la “Jeune Afghane” (Nikon FM2 et Kodachrome 64). Difficile de faire mieux comme référence ! On se sent d’ailleurs un peu inspiré et lourd de responsabilité à chaque déclenchement. Son succès a influencé le développement d’autres objectifs Nikon, notamment les versions plus modernes comme le 105 mm f/2 DC.

Bien que conçu pour la pellicule, cet objectif vintage donne d’excellents résultats sur les boîtiers numériques modernes mais je ne l’ai pas encore essayé sur un boîtier numérique.

Bref, si vous en trouvez un sur le marché de l’occasion et qu’il vous semble en bon état et bien entretenu, n’hésitez pas à acquérir ce collector. Il est important de noter que les lames du diaphragme, comme tout mécanisme de précision, peuvent nécessiter un entretien au fil du temps. L’accumulation de poussière ou la perte de lubrification peuvent affecter le fonctionnement fluide du diaphragme, nécessitant parfois l’intervention d’un spécialiste pour un nettoyage ou une re-lubrification.