LomoChrome Classicolor ISO 200 : un nouveau classique
Dans un marché de la pellicule qui connaît un regain d’intérêt sans précédent, Lomography frappe un grand coup avec la LomoChrome Classicolor ISO 200, lancée en octobre 2025 au prix de 9,90 euros.
Cette nouvelle émulsion arrive dans un timing parfait, juste après l’annonce par Kodak de ses pellicules Kodacolor, prouvant une fois de plus que l’argentique n’a jamais été aussi vivant. Mais contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, la Classicolor n’est pas une simple imitation des classiques d’antan. Il s’agit d’une formule entièrement nouvelle, fabriquée artisanalement selon le processus unique de superposition des couches de couleurs propre à Lomography.
Une philosophie affirmée
Lomography ne cache pas son ambition avec cette pellicule. Selon la marque viennoise, la photographie argentique demeure un acte profondément humain, une conversation avec la lumière qui ne peut être reproduite. La LomoChrome Classicolor ISO 200 se positionne comme un outil permettant de préserver ces moments fugaces dans une nouvelle palette de couleurs, tout en conservant la qualité intemporelle et l’esthétique authentique que seul l’argentique peut offrir.
Cette pellicule rejoint une famille déjà bien fournie, aux côtés de la LomoChrome Color ’92 Sun-kissed ISO 400, la LomoChrome Turquoise et la célèbre LomoChrome Purple. Mais contrairement à ces émulsions expérimentales connues pour leurs rendus chromatiques décalés, la Classicolor adopte une approche plus subtile, privilégiant des couleurs fidèles à la réalité tout en y apportant une signature distinctive.
Caractéristiques techniques
La LomoChrome Classicolor ISO 200 se présente dans un format 35mm standard de 36 poses, avec un codage DX qui permet aux appareils photo modernes de détecter automatiquement la sensibilité et d’ajuster leurs réglages en conséquence. Cette fonctionnalité, pas toujours présente sur les pellicules Lomography, fait de la Classicolor l’une des émulsions les plus polyvalentes de la marque.
Le développement s’effectue selon le processus C-41 standard, ce qui signifie que n’importe quel laboratoire photo pourra traiter vos négatifs sans difficulté, et que les amateurs de développement maison n’auront pas de surprise.
Avec une sensibilité de 200 ISO, cette pellicule se positionne idéalement pour une utilisation quotidienne. Elle offre suffisamment de latitude pour shooter aussi bien en plein soleil qu’en conditions plus ombragées, tout en conservant un grain moyen caractéristique qui signe l’esthétique argentique sans tomber dans l’excès.
Le rendu des couleurs : entre fidélité et caractère
C’est sans doute dans sa palette chromatique que la LomoChrome Classicolor révèle toute sa personnalité.








Lomography la décrit comme discrètement sophistiquée avec un charme espiègle, et les premiers tests confirment cette promesse. Les couleurs se révèlent avec une fidélité remarquable à la réalité, mais pas de manière neutre ou clinique. Il y a toujours cette touche lomographique qui fait la différence.
Les rouges constituent l’une des grandes signatures de cette pellicule. Ils explosent littéralement hors du cadre avec une énergie dynamique qui attire immédiatement le regard. Cette caractéristique se retrouve également dans le rendu des tons chair, qui arborent un léger blush rosé, une chaleur subtile qui confère aux portraits une douceur particulière, presque comme baignés par la lumière dorée d’une fin d’après-midi.
Les bleus et les verts, quant à eux, restent clairs et éclatants sans basculer dans la sursaturation. Ils s’imposent avec douceur dans l’image, créant un équilibre harmonieux avec les tonalités plus chaudes. Plusieurs photographes ayant testé la pellicule notent cette balance délicate, cette capacité à offrir des couleurs vives sans jamais paraître criarde ou artificielle.
Comportement à différentes expositions
L’un des aspects les plus intéressants révélés par les tests préliminaires concerne la latitude d’exposition de la pellicule. L’équipe de Lomography a mené une série d’expériences en shootant la même scène à ISO 100, 200 et 400, permettant d’observer le comportement de l’émulsion en surexposition, à sa sensibilité nominale, et en sous-exposition.
À ISO 100, donc en surexposant d’un stop, la pellicule dévoile des tons plus chauds avec un rendu adouci qui rappelle les photographies délavées par le soleil. Cette approche confère aux images une aura nostalgique particulièrement séduisante. À la sensibilité nominale de 200 ISO, la balance des blancs apparaît plus neutre et fidèle à la réalité, offrant le rendu le plus précis en termes de colorimétrie. Enfin, à ISO 400, en sous-exposant d’un stop, les contrastes se renforcent tandis que les ombres gagnent en profondeur, créant des images plus dramatiques.
Cette polyvalence fait de la Classicolor une pellicule particulièrement intéressante pour l’expérimentation. Comme le souligne l’équipe de Lomography, chaque pellicule traduit la lumière avec ses propres nuances inattendues, et lorsqu’on la shoote à une sensibilité différente de celle prévue, elle raconte de toutes nouvelles histoires chromatiques.
Performance dans différentes conditions d’éclairage
La LomoChrome Classicolor brille par sa capacité d’adaptation. En lumière directe du soleil, elle offre des images douces et lumineuses, avec une clarté remarquable qui met en valeur chaque détail. Les scènes ensoleillées révèlent toute la vivacité de la palette, avec ces rouges énergiques et ces verts éclatants qui caractérisent l’émulsion.
Dans les scènes plus ombragées ou par temps couvert, la pellicule change de caractère. Elle devient plus chaleureuse, développant des tonalités terreuses qui apportent une atmosphère intime aux images. C’est dans ces conditions que le grain moyen se révèle le plus présent, renforçant l’esthétique argentique classique que recherchent de nombreux photographes.
La gestion des situations de lumière mixte s’avère particulièrement impressionnante. La pellicule parvient à maintenir des contrastes marqués tout en préservant les informations dans les ombres, offrant une grande latitude qui la rend utilisable dans des conditions d’éclairage difficiles où d’autres émulsions montreraient leurs limites.
Grain et Définition
Le grain de la LomoChrome Classicolor se situe dans une zone médiane qui plaira aux amateurs d’esthétique argentique classique. Il est suffisamment présent pour rappeler constamment la nature analogique de l’image, mais jamais au point de nuire à la définition des détails. Ce grain contribue au charme de la pellicule, lui conférant une texture organique qui contraste agréablement avec la netteté parfois clinique du numérique.
Les photographies examinées révèlent une excellente capacité de résolution, avec des détails riches même dans les zones les plus complexes de l’image. Le grain reste harmonieux à travers toute la gamme tonale, des hautes lumières aux ombres profondes, créant une cohérence visuelle appréciable.
Comparaisons avec d’autres émulsions
Plusieurs observateurs ont noté une certaine parenté entre la LomoChrome Classicolor et d’autres pellicules ISO 200 du marché, notamment l’ORWO NC200, également commercialisée sous les noms KONO Color 200 et OptiColour 200. Cette similitude se manifeste particulièrement dans la légère dominante vers les rouges dans les ombres et dans la structure granuleuse caractéristique. Toutefois, la Classicolor conserve sa propre identité grâce à son équilibre chromatique spécifique et sa gestion de la lumière.
Face aux classiques de Kodak comme la Gold 200 ou la ColorPlus, la Classicolor se distingue par son rendu plus chaleureux et son caractère plus affirmé. Là où les émulsions Kodak tendent vers une neutralité professionnelle, la Lomography assume une signature plus artistique, plus subjective.
Pour ceux qui recherchent le grain le plus fin possible, la Portra 160 de Kodak reste la référence, mais à un prix nettement plus élevé et avec un rendu très différent.
Pour qui ?
La LomoChrome Classicolor ISO 200 s’adresse à un public assez large. Les photographes de portrait y trouveront une émulsion particulièrement flatteuse pour les tons chair, avec cette chaleur subtile qui sublime les visages sans tomber dans l’artificiel. Les amateurs de photographie de rue apprécieront sa polyvalence et sa capacité à s’adapter à différentes conditions d’éclairage, tout comme sa latitude d’exposition qui pardonne certaines erreurs.
Les photographes de voyage seront séduits par le caractère nostalgique de la pellicule, qui confère aux images une intemporalité précieuse. Cette qualité fait que les photographies prises avec la Classicolor semblent déjà appartenir au passé, créant instantanément cette distance émotionnelle qui caractérise les souvenirs.
Enfin, pour les amateurs de Lomography fidèles aux émulsions expérimentales de la marque, la Classicolor représente une option plus sage, moins radicale que les Purple ou Turquoise, tout en conservant une identité forte. Elle permet d’obtenir des résultats plus prévisibles et universellement appréciables, parfaits pour des occasions où l’on ne souhaite pas prendre de risques chromatiques extrêmes.
Quelques Réserves
Malgré ses nombreuses qualités, la LomoChrome Classicolor n’est pas exempte de défauts. La dominante vers les rouges, bien que séduisante dans de nombreuses situations, peut parfois se révéler envahissante, particulièrement dans les scènes comportant déjà beaucoup de tonalités chaudes.
Les photographes habitués à des rendus plus neutres pourraient trouver cette signature trop marquée pour certains sujets.
Le grain, bien que plaisant à l’œil, peut constituer une limitation pour ceux qui recherchent la définition maximale ou qui prévoient d’agrandir substantiellement leurs images. Dans ce domaine, des pellicules comme la Portra ou l’Ektar de Kodak offrent des performances supérieures, au prix d’un caractère moins affirmé.
Verdict
La LomoChrome Classicolor ISO 200 marque une évolution intéressante dans la gamme Lomography. En proposant une émulsion aux couleurs plus fidèles à la réalité que ses sœurs expérimentales, tout en conservant une signature chromatique distinctive, la marque viennoise élargit considérablement son public potentiel. Cette pellicule réussit le pari difficile d’être à la fois accessible aux néophytes et suffisamment caractérielle pour séduire les amateurs avertis.
Son principal atout réside dans sa polyvalence. Capable de briller aussi bien en plein soleil qu’à l’ombre, flatteuse pour les portraits tout en se montrant efficace pour le paysage ou la photo de rue, la Classicolor s’impose comme une véritable pellicule tout-terrain. Sa latitude d’exposition généreuse et son développement C-41 standard facilitent son adoption, tandis que son rendu nostalgique répond parfaitement aux attentes d’une génération de photographes en quête d’authenticité et de chaleur dans leurs images.
Dans un marché argentique en pleine renaissance, où chaque nouvelle émulsion est accueillie avec enthousiasme, la LomoChrome Classicolor ISO 200 mérite amplement sa place. Elle n’a peut-être pas la radicalité des émulsions expérimentales ni la neutralité clinique des pellicules professionnelles, mais c’est précisément dans cet entre-deux qu’elle trouve sa force.
Une chose est certaine : avec la Classicolor, Lomography prouve une fois de plus que l’argentique a encore beaucoup à dire, et que l’innovation dans ce domaine est loin d’être terminée.
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